Voici le premier chapitre de mon nouveau roman. Bonne lecture !
J’ai perdu son sourire devant un de ces reflets qu’on croise ici et là, sans y prendre garde. Il faut se méfier des miroirs. Quand soudain ils dévoilent ce qu’on refuse de voir.
La fossette m’a alerté. Cette marque sur mon profil gauche, même si la sienne logeait à droite. En piètre copiste, c’est un rictus que j’ai fabriqué.
Mon rire, je l’ai dérobé à un autre, en ajoutant le son à la grimace. Jusqu’au moment où la façade a fini par s’effondrer. Ce jour-là, je me suis demandé ce qui, dans cet assemblage méthodiquement édifié, avait conservé son authenticité. Ma démarche ? Mon phrasé ? Ma façon de penser ? Pour y voir plus clair, je me suis d’abord interrogé sur la disparition de mon sourire.
Lui, je l’ai ravalé sans procès. À quoi bon l’épargner ? Là où j’étais alors, mieux valait ne pas en rire. Trop occupé à contrer les coups, il ne m’a pas manqué. Pour ne pas sombrer, je me suis accroché à ce que je trouvais beau au milieu du chaos : son visage, et le creux au coin des lèvres d’où il manifestait son autorité en ordonnant à mes tortionnaires de ralentir.
Longtemps, je l’ai observé pour mieux le singer quand viendrait mon tour de...